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UneTortue
14 septembre 2009

Projet d'Assassinat.

J'ai toujours été un crétin insignifiant. Aujourd'hui, j'ai décidé de tuer quelqu'un. Je venais de passer en deuxième année quand j'ai pris cette résolution. Je ne suis pas un fou, ne vous méprenez pas! Je n'ai pas de problème psychiatrique, je ne ressens pas un besoin irrépressible de tuer. Je ne tue pas pour me distraire comme un autre, je ne tue pas pour passer le tue. D'ailleurs, je ne tue pas – tout du moins, en temps normal. J'allais à un lycée comme tan d'autre. Attendez, je n'aime pas le tour que prend ce récit. On pourrait croire que j'ai voulu tuer par frustration. En gros, refusant d'avoir une vie insignifiante, j'aurais décidé de tuer pour ça. C'est faut, ne vous méprenez pas. J'ai dix-sept ans, mais je n'en suis pas déprimé pour autant. Seulement, pour tuer quelqu'un, il faut un complice. Ou, pour être plus précis, un tué. On ne trouve pas de tué partout… Et je n'en voulais à personne en particulier. Après tout, ce n'est pas comme si ma vie allait se finir avec ce geste. Je voulais tuer juste une fois, histoire de savoir ce que ça faisais. On pourrait presque appeler ça un meurtre par curiosité, mais ce n'est pas ça. Pas exactement. Ma vie était si prévisible jusque-là, je vous jure. Il fallait que ce soit un grand crime, de plus. Si c'étais un petit crime, c'aurais probablement été moins horrible. Et, quand on tue quelqu'un, on ne veut pas tuer pour rien. Je me demandais si je pourrais écrire un bouquin. Après tout, notre vie ne se finie pas quand on tue quelqu'un. Ouais, c'étais vraiment une super idée pour quelqu'un comme moi. Bon, restais cette question qui nous turlupine: qui tuer? Mon père. Ma mère. Ma petite sœur. Non. Mauvaise idée. Les psychologues, les média, les professionnels, ce sont tous des vautours assoiffés de connaissance – de leurs connaissances. Ils veulent des réponses qui entrent dans leurs champs de compréhension. Facile d'imaginer ce qu'ils diront quand j'aurais tué ma famille. Malmené mentalement par ses parents. Comparé sans cesse à sa sœur, meilleure scolairement. J'entends déjà leurs rengaines: de nos jours, la cohésion au sein d'une famille tend à diminuer.

(délecte-toi du ciel superbe, rien ne se perd, j'ai tout volé)

Non, ce n'est pas ça. Tenter de comparer des gens avec des mêmes critères est déjà erroné. Tenter de tuer les membres de ma famille est sans intérêt. Mes amis n'iront pas non plus. Je serais tout bonnement incapable de les tuer. En plus, ils suspecteraient une rancune, ou un mobile quelconque. Ce qui serait stupide. C'est bien la preuve que les hommes ne sont pas destinés à tuer pour des raisons insignifiantes. Ce n'est pas parce que l'ont tue – ou écoute – un pantin habillé de noir qu'on est fort. Je peux gérer ce genre de sentiments intérieurs suscité par sa rencontre. Le but est simplement d'expérimenter le meurtre. C'est ça que je n'arrive pas du tout à gérer. Donc, par dépit, j'ai décidé de choisir un inconnu. La question, est: lequel? Lequel de ces types est le type idéal? Le passant, là-bas? Pourquoi pas un vieux? Non, n'y pensons plus: ils ne leurs restent plus longtemps à vivre. Ce ne serait pas la même sensation. Un voyou, un mafieux? Ca serait surement utile à la société. Mais si je suis remercié, je ferais quoi, bordel? Une célébrité? Non. Choix rendu rédhibitoire par l'hypothèse du fan en délire – et/ou de la jalousie. Hum, c'est beaucoup plus difficile que je ne le pensais, choisir quelqu'un à tuer. Quoi qu'il en soit, je tuerais quelqu'un plutôt que d'être acceptée. Mieux vaut être rejeté. Pour cela, il faut que je tue quelqu'un qui soit à l'aise dans la vie, aimé par son entourage.

Ce genre d'existence, comme celle d'un…

Enfant.

J'ai décidé que ma cible serait un enfant. Dans le bas du cursus scolaire, de la maternelle au primaire. En fait, à bien y réfléchir, ça aurait peut-être marché avec quelqu'un de mon âge. Mais pour être bien sur que cela me conviendrais au maximum, il me fallait un enfant. Et come ça, les médias seraient certainement heureux… Une fille, probablement. Oui, ce serait mieux. Bref. J'ai commencé à faire des rondes autours de la maison, pour en repérer une. Je faisais de la course cycliste en club, ce qui désespérait ma mère. Elle qui aurait tan souhaiter que je fasse quelque chose de populaire. La pauvre… Va victime ne devais être ni trop riche, ni trop démunie. Trouver le juste milieu, sans défauts visibles. Hum. La fille d'une famille de cinq personnes. La mère, le père, la grand-mère et le grand-père. Et un chien. Ils venaient d'acheter une voiture, juste pour remplacer l'ancienne. La cible parfaite. Très bien. Ce sera toi, petite. En choisissant la cible viens l'action immédiate, comme si on avait le sentiment que tout ne serait pas aussi… Facile. Commençons par moi-même. Visant un enfant, il est fort probable qu'on me juge inapte à vivre en société. Paradoxe problématique, non? Incapable d'éprouver des émotions. Je ne tuerais quelqu'un parce que je suis malheureux. Je ne tuerais pas quelqu'un parce que j'y suis obligé. Il fallait que mon environnement soit reconnu parfait. Ma décision d'apprendre le karaté et le piano ont stupéfié mes parents, leur donnant enfin le sentiment d'accomplissement qu'ils recherchaient. Seul l'air interrogatif sur le visage de ma sœur n'a pas paru convaincu. Je me suis mis soudainement à étudier plus. Ma famille à l'air heureuse; mes parents ont de bonnes relations entre eux.

Lorsque tu as un but, les résultats sont vite là. Je maîtrisais assez rapidement le piano et le karaté. Mes notes aussi ce sont améliorées. Je m'étais engagé en tan que bénévole dans la région, m'attirant une kyrielle d'amies féminines d'un âge mur. Même si mon apparence étais plutôt banale, ma sœur m'appris qu'un de ses copines m'aimais secrètement. Paraît-on plus confiant et de meilleure humeur lorsque l'ont à un but? J'ai donc réussi à avoir une petite amie jolie et enviée. Cette époque était… Parfaite.

J'utilisais mes moments libres pour étudier ma cible. Six ans, en CP. On dit que plus on connaît une personne, plus il est difficile de la tuer. La reconnaître en tan que personne ferait ressurgir notre empathie. Mais pas pour moi. Je veux tuer un être humain. Je veux encore plus la reconnaître en tan que tel. Plus que tout. Je veux tout savoir sur ma victime. Tout. Je veux tuer quelqu'un.

(je me souviendrais des beau jours, des roses et des lumières)

Ce qu'elle aime, ses rêves, ses horaires, ses activités. Ses habitudes, sa famille. J'ai même enquêté sur ses meilleurs amis. Et bien d'autres choses.

Ma petite amie m'as avoué qu'elle ne me reconnaît plus par rapport à l'époque où j'étais au collège. Elle me percevait comme quelqu'un remplie d'une colère rentrée, terrible. Un peu comme le nouveau petit ami d'une de ses amies qui étaient taciturne et qui s'est soudainement ouvert au monde. Une de ses amies? Ma sœur?

Affin bon.

Aucune importance; une année est passée ainsi, à la planification de l'assassinat. Le jour de l'exécution du plan, je me rappelle m'être dis que c'étais une année formidable. Chaque jour se passait sans remous. Ce meurtre gâchera tout ça. Normalement, une telle chose n'aurait jamais du voir le jour. Mais c'est ainsi qu'elle prenait tout son sens. L'arme que j'ai choisie était un long couteau de cuisine, large comme mon pouce et de la taille de mon avant-bras. Un truc aiguisé, effrayant. Une arme de contact, brutale, d'acier bleui qui lui dans la pénombre. Il faisait beau. J'étais vraiment un connard heureux. A cette heure-ci, elle aurait du être au parc, comme d'habitude. Elle y était, jouant à la balle. Puis, le jeu tourné au cache-cache. Pour son malheur, elle comptait. Les enfants s'éparpillèrent, la laissant seule, les yeux masqués par se petites mains, criant des chiffres. Cinq. Le couteau apparaît, si seulement il y aurait eu quelqu'un pour le voir. Six. J'avance d'un pas. Sept. L'espace qui nous sépare n'est plus que de quelque mètre. Huit. On la sent se préparer à se lancer. Neuf. Une lame d'acier bleui qui vole dans l'air. Dix. Elle fait volte-face, un air joyeux sur le visage. Le bruit déchirant du fil d'un couteau qui transperce la chair. Nos regards se croisent, l'espace d'un instant. Ma main est encore dans le rabat de ma veste. Elle reste figée un instant, comme suspendue, puis hurle un avertissement à ses camarades, avant de partir à leur recherche. Le couteau s'extirpe, délivrant un flot de sang. Un inconnu. Bordel, qui est-il? Il eut un sourire rassurant en m'annonçant que je ne le connaissais pas.  Le petit ami qui, comme moi, avait trouvé la cible parfaite. Quelqu'un comme lui, mais qui était heureux. Moi.

Il continuera cette histoire pour moi, je crois que c'est l'heure de mourir.

La chair est faible, et je le suis.

Librement inspiré de ça.

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Commentaires
J
Merci du conseil pour le Certes. Tu as d'ailleurs raison. ;).<br /> Alors à bientôt pour tes nouvelles aventures !
P
Merci, merci.<br /> Je vais reprendre le blog bientôt (ou pas, mais du tout moins c'est en projet).<br /> Désolé pour ces longues périodes sans nouvelles.
J
J'aime beaucoup et ton choix de cible était parfait !
E
C'est bluffant. Vu le style, qui est exactement le tien, j'aurai pu jurer que l'histoire (pas mal en passant) était de toi mais non ! En tout cas, tu l'a couchée sur papier avec style comme d'hab. Ca en devient presque lassant. Vite une autre ! Et pis si t'as pas de sujet, tu peux toujours en faire une sur El Nino ;)
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