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UneTortue

2 mai 2014

Je suis vieille.

Je suis vieille. 

Je suis vieille et je vous encule. 

Je suis vieille et je vous encule ; je vais bientôt mourir. 

Mais avant, j'ai d'autres projets 
(boire, baiser, fumer) 

Je suis vieille, et je viens d'une autre époque.  

Je suis si vieille que même quand ma petite-fille m'a demandé si j'avais connu les dinosaures, j'ai répondu oui. 

Je viens d'une époque - quelle époque ! - ou les gens avaient encore des couilles.  

Aujourd'hui ça s'attife d'un jean de tapette pour aller se taper des demis à 6€ dans un pseudo-pub. Bordel, si un vrai irlandais voyait un tel prix, il planterait un tesson de bouteille dans le crâne du taulier. 

Je suis vieille, et ça me fait chier. Ca me fait que ce soit aux vieilles comme moi dans lancer des parpaings dans la gueule des CRS. Ca me fait chier d'avoir fait partie des trois cents quarantes-trois  pour que des jeunes filles de putes se fassent baiser sur le dansefloor d'un club de merde la capitale. Ca me fait chier d'être vieille quand je vois des jeunes payer un putain de bras pour s'acheter des fringues qui était déjà vieilles à mon époque - saloperies de hisper de merde.   

Mais ce qui me fait chier plus que tout, c'est l'inertie de cette foutue nouvelle génération. Mais, mamie, on ne fait plus de stop, tu comprends, c'est beaucoup trop dangereux ! Tu ne regardes jamais le JT de TF1 ou quoi ? Mais, mamie, on ne va plus manifester, ça ne sert à rien de toute façon eh puis, tu comprends, on est déjà bien content d'avoir un job, avec la crise, et l'inflation, eh puis, de toute manière, je ne peux pas me le permettre, tu comprends, j'épargne, hein, j'ai un crédit à payer pour la voiture, tu comprends, j'ai pris le modèle avec un radar de recul, c'est plus pratique, tu comprend, hein ? 

 

NON. Non. Non, je ne comprends pas. Je suis vieille et ne comprend pas. Depuis quand les jeunes sont devenus des vieux cons ? Qui a appris à ces foutus jeunes à avoir peur de tout ? Peur de bouger, peur du lendemain, peur de faire l'amour - on baise, tu comprends ? - peur de l'avenir, peur de l'imprévu, peur des autres, peur des inconnus. Elle est où, ta rage, sale jeune ? Elle est ou, ta colère, ton indignation ? Comment on peut soulever un putain de million de personne parce que quelqu'un balance un chat contre un mur, alors que pendant ce temps-là au Niger des centaines de lycéenne sont enlevées pour être transformées en esclave sexuelles ? Comment un foutu bijoutier de Nice peut avoir autant de soutien alors qu'à la même seconde un rebelle meurt pour faire tomber le plus grand tyran du vingtième-et-unième siècle en Syrie ? Mais nous on croyait qu'on serait loin, et déjà revenu !  

Je suis vieille et je vous encule, vous, jeunesse de merde. Apprenez à vivre. Mettez un putain de coup de poing dans la face de votre voisin et regardez-le sentir le goût du sang sur ses lèvres. Brisez votre télé à coup de pioches, sortez courir sur les toits des immeubles la nuit. Cessez de détourner le regard des clochards dans la rue et regardez-les dans les yeux. 

Partez en stop au Maroc, sonnez chez les gens pour trouver où dormir. Dormez avec les SDF sous les ponts, faites un bon gros doigt d'honneur à votre patron. 

 

Parce que vous aurez tout le temps d'épargner quand vous seriez vieux. Parce que vous aurez tout le temps d'épargner quand vous serez morts. Alors que faire l'amour quand on est mort, c'est beaucoup plus difficile - et beaucoup moins légal.  

Moi je suis vieille, mais encore en vie. Alors que vous êtes déjà mort, même si votre chair est ferme. Essayez de crever un peu plus, pour voir. Moi, je suis vieille, et ça va venir pour de bon, à force d'enchaîner clous de cercueil et vins acides. Et ce qui me ferait encore plus chier, ce serait que, pendant que des vers dévorent mon corps six pieds sous terre, des soucis dévorent vos crânes six pieds au-dessus.  

 

Alors, les jeunes, entendez-bien ce message : il n'est jamais trop tard pour commencer à vivre. 

Et sinon, allez vous faire enculer.

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16 octobre 2013

L'homme du train.

L’homme dans le train le fixait.

Il en était sûr désormais ; cela faisait une dizaine de minute qu’il l’avait remarqué.

John tenta un nouveau regard furtif dans sa direction. Son regard restait fixe, sans émotion, posé sur John. L’homme du train ne montra pas le moindre signe de réaction face au coup d’œil de John mais il l’avait remarqué, celui-ci en était sûr. Il le fixait, bordel, comment aurait-il pu le manquer ? Alors comment interpréter ce manque de réaction de sa part ?

Être fixé est déjà quelque chose d’assez dérangeant, si on ajoute à ceci le fait que celui qui nous fixe n’a pas l’air de nous porter le moindre signe d’intérêt, cela en devient carrément malsain. [Une goutte de sueur commença à se former sur la tempe de John.] L’homme du train, durant la première moitié du voyage, n’avait rien montré de particulier. Relativement grand, bien bâti, il aurait pu faire n’importe que travail. Des cheveux bruns, une coupe en brosse. Short gris et espadrilles, chemisette blanche ajustée. Quand John était entré dans le wagon, l’homme se massait le mollet, comme s’il avait une courbature.  John parcourait ce trajet deux fois par mois, pour aller voir sa sœur qui habitant à Marle. Elle avait accouché il y un an et demi d’un joli bébé d’un kilo deux cent, et depuis elle et John avait établi le rituel de dîner bimensuel. Il n’y a qu’une heure de trajet, et les trains sont fréquents ; John pouvait aisément faire un aller en fin d’après-midi, manger en prenant son temps avec ce qu’il restait de sa famille, puis rentrer chez lui légèrement alcoolisé sans avoir à conduire. Celui lui convenait parfaitement, et sa sœur aussi semblait contente de cet arrangement ; ils s’étaient pas mal éloignés l’un de l’autre durant les dernières années, et étaient tous deux heureux que la naissance les ait rapprochés de nouveau.

Mais maintenant, sous le regard abrupt de l’homme du train, John regretta amèrement de ne pas avoir trouvé une excuse quelconque pour ne pas se trouver ici en ce moment même. Cela devait faire au moins vingt bonnes minutes que ce bâtard en chemise blanche ne détachait pas son regard bovin de lui. John consulta encore une fois sa montre. Plus qu’une dizaine de minute avant l’arrivée du train. Il décida d’affronter l’homme du train du regard. Il tourna la tête et plongea ses yeux dans les siens, ostensiblement, comme pour le provoquer.

Il ne se passa strictement rien. Le regard vide de l’homme du train ne montra pas le moindre signe d’émotion, alors même que John le scrutait avec la plus grandes des intensités. John, le cœur battant, soutenait toujours ce regard. Une minute passa. Puis deux. Puis les lèvres de l’homme du train s’étirèrent, et il sourit.  Ce sourire, c’en était trop pour John. La goutte de sueur roula sur sa peau et s’écrasa contre son col. C’était puant, il fallait qu’il se tire, maintenant. Quittant son siège, il remonta rapidement la travée centrale. Il entendit un bruit derrière lui et jeta un coup d’œil  au reflet dans la vitre qui confirma ses craintes : l’homme du train s’était lui aussi levé et le suivait. Arrivé au bout du wagon, un homme en col roulé noir lui tînt la porte ouverte avec un sourire.

« -Je vous en prie. »

John le remercia rapidement puis s’engouffra dans l’embrasure. Il n’y avait personne dans l’entre-deux-wagon, personne pour appeler au secours, personne pour crier au meurtre si quelqu’un était tué ici. Rien à part la porte entrouverte des chiottes minables du train.

Pour la première fois depuis qu’il était monté dans ce foutu train, John sourit.

L’homme du train franchit la porte battante du wagon, qui claqua derrière lui. John l’attrapa immédiatement par les cheveux et, dans la même seconde, sorti son cran d’arrêt de sa poche et lui trancha la jugulaire. Le sang gicla dans les chiottes, l’homme mourut presque instantanément, dans un gargouillis des plus satisfaisants pour John. Il jeta son cadavre sur la cuvette des WC, essuya rapidement son couteau sur l’irritante chemise trop blanche, et referma la porte du pied. Il replia son couteau et le remis dans sa poche. Le train entrait en gare ; sa sœur serait contente, il ne serait pas en retard.

15 septembre 2011

Alicia

Je ne sais pas du tout pourquoi cette nouvelle s'appelle Alicia, mais le nom s'est très vite imposé alors que je l'écrivait. Ce sera peut-être le début d'un triptyque, ou peut-être pas.

 

 

 

En poussant la porte de la salle d'interrogatoire, James se rendit bien vite compte que la bataille avait déjà commencé. Un petit gros, engoncé dans un costume gris, faisait vaillamment face à un feu nourri de question de la part d'un homme au visage en lame de couteau. James détestait ce foutu visage. Un visage comme on en fait plus, un visage de seigneur, fait pour commander. La dureté de l'acier incarnée sur une simple face. Merlont étais ainsi fait. Pas de compromis avec lui; le petit gros pouvait se défendre de toute sa force, il se ferait immanquablement déchiqueter au final. Pourtant, force était de lui reconnaître une défense pour le moins judicieuse; par une série de pirouette, il s'échappait bien vite des questions de l'inspecteur qui lui faisait face. Cela énerva James presque autant que la présence de Merlont. C'étais un énervé, James, beaucoup trop émotionnel pour faire le métier de flic, on lui avait déjà dit cent fois. Mais on ne change pas un homme, surtout un énervé comme lui. Alors il continuait de faire son job, tout en pestant contre les Merlont et les petits gros. Et il était malgré tout efficace. C'était peu être son ton énervé, ou peut-être sa calvitie prématurée, mais il savait quoi faire pour pousser un suspect à se mettre à table. Il s'asseyait en face du type, et commençais à lui taper la discute. Et plus la conversation avançais, plus James s'énervait, plus le type s'embrouillait, et il finissait par vomir tous ce qu'il savait. Merlont aussi obtenait des résultats, mais il était trop rigide et tranchant. Ses méthodes marchaient très bien sur les gens de chairs molles ou d'un métal moins résistant, mais, s'il en trouvait un plus dur, il pouvait lui aussi se faire briser aussi sec. Sans parler des gens qui sont comme des étangs, profonds, insondables, changeants et traîtres. Comme ce petit gros qui, selon le dossier, se nommait Larmant. Faire discuter Merlont et Larmant, c'étais mettre des coups d'épées dans l'eau. Ca ne servait à rien sauf à faire fuir le poisson. C'était du travail d'amateur, et ça énervait James. On voyait tout de suite que c'étais Girard qui s'étais chargé de l'affaire et pas Sievert. Sievert, il était nul pour enquêter, nul pour faire parler, nul pour faire des liens, nul pour classer des dossiers. Une foutue catastrophe en tan que flic. James se demandait encore comment il avait pu finir capitaine. Par contre, Sievert savais choisir qui envoyer. Il regardait l'affaire, se couchait par terre pour y réfléchir, et trois heures plus tard, sans lien apparent, il sortait en trombe de son bureau et affirmait d'un ton péremptoire:

-Il faut envoyer Boulier sur l'affaire des cambriolages du 9ème.

Et on envoyait Boulier, et Boulier s'en sortait à merveille. Si Sievert s'étais chargé de la répartition de l'effectif sur cette affaire, il aurait tout-de-suite vu que c'étais James qu'il fallait envoyer plonger, et pas Merlont. Mais c'étais Girard qui l'avait fait, et Girard étais un trou-du-cul. Un trou-du-cul efficace, il fallait le reconnaître, mais justement. Chez Girard, c'étais la rentabilité qui primais. On envoyait Merlont, ça passe ou sa casse, et si casse des dizaines d'autres affaires ne demandent qu'à être étudiées. Ca énervait James, qui aimait que les affaires soit résolues, et ne soient classées qu'une fois résolues. Bien sûr, des fois, il avait conscience qu'on ne pouvait rien faire, et alors il laissait tomber. Mais quand on avait une belle opportunité de négocier les choses en douceur, et qu'on foirait tout pour gagner en rentabilité, ça l'emmerdait. Et tant pis si Girard avait de meilleur résultats que lui, pour lui c'étais tout de même un trou-du-cul, et James était fait ainsi.

-Allez, Merlont, on arrête les frais ici.

Rien qu'au ton, Merlont senti qu'il était énervé. Il le regarda d'un air froid et condescendant.

-On se calme, James. C'est le patron qui m'as confié cet interrogatoire, et moi-même ça ne me plais pas plus que ça de travailler sur cette enquête, si vous voyez ce que je veux dire. Parler avec ce type, c'est comme donner des coups d'épées dans l'eau. Plus lisse qu'une carpe, plus muet qu'une pastèque. Mais à moi, on ne la fait pas. Il sait des trucs, mais il veut nous emmerder, et il ne nous lâchera pas avant d'être sur d'avoir réussi ou d'être tiré d'affaire. Je serais vous, je ne l'entreprendrais pas. Après, faites comme vous l'entendez, je pense qu'on n'en tirera rien de plus.

Il poussa la porte et sorti, laissant James en tête-à-tête avec Larmant. James s'assit, mine de rien, tranquille. Mais même dans sa façon de s'assoir, on le sentait déjà énervé. Cette journée, pour lui, c'étais l'enfer. Des merdes qui s'enchaînaient. Il commença à travailler le type. Le job n'aurait déjà pas été facile en temps normal, mais avec en plus Merlont qui l'avait braqué conter lui, il promettait d'être encore plus délicat. Foutu étang, foutu poisson. Girard avait merdé, Merlont avait merdé, même Sievert avait merdé – il aurait du être là, donner des ordres, répartir les hommes.

Au bout d'une demi-heure de discutions, Larmant craqua et avoua tout.

On parlait à James quand il était énervé, et James était souvent énervé.

 

9 mars 2011

Sombre

 

L'homme en noir contemple son reflet dans le miroir. La crasse qui en ternit l'éclat n'est rien en comparaison de celle qui trouble son âme. On l'appelle Duke. Il est incapable de dire si ce nom lui plaît. Il porte un complet-veston d'un noir d'encre et une chemise blanche. La fine cravate, noire elle aussi, semble se fondre dans l'ensemble. Le tout procure une impression de tueur à gage. Cette réflexion lui amène un sourire amer sur les lèvres, qui disparaît bien vite.

Car aujourd'hui, Duke a peur.

Peur de son miroir. Ou plutôt peur de ce qu'il y voit. Non pas son simple reflet, mais aussi un clone improbable décalé d'un pas par rapport à l'original, déphasé. Le premier reflet est lui; le second symbolise son apparence. Un autre que Duke aurait du mal à faire la distinction, mais pour lui elle est claire. Il soupire d'un ton agacé, tentant de chasser cette appréhension irrationnelle qui le saisit. Deux reflets. Ce n'est pas rationnel, et le silence qui règne dans la pièce l'irrite. Il détourne les yeux, parcoure la pièce du regard. Le seul éclairage, un fin pinceau de lumière filtré par une lucarne, donne au lieu une atmosphère poussiéreuse. Ses iris reviennent se poser sur le miroir. Aucun changement. Un mal de crâne le saisit. Il a besoin de plus de son, plus de lumière. Cet appartement, qui l'avait tan charmé, l'insupporte aujourd'hui par son silence. Il le rend fou.

(fou)

Dans un soudain mouvement d'humeur, il contracte le poing et frappe le miroir. L'air se rempli de bris scintillants, comme des pétales de fleurs de cerisiers d'une finesse exquise. Les fragments s'écrasent au sol. Duke contemple son poing; il est intact. Une fraction de seconde avant que le miroir ne vole en éclats, l'un des reflets s'est effacé, réduit au néant. Il s'agissait du reflet de son apparence, de ce qu'il laissait filtrer au monde extérieur. En brisant ce miroir, c'est sa réalité qu'il brise. Tout ce qu'il a crée jusque-là, tout son image, ses expressions, ses paroles; tout est détruit sous ses coups. Avec tant de destruction, un miracle que ses phalanges ne soient pas fracassées. Il se détourne de la désolation qu'il vient de créer, et sort de la pièce. Le sol crisse sous ses pas, mais le son ne parviens pas à ses oreilles, tout comme il n'a pas entendu le miroir se briser. C'est dans le silence le plus parfait qu'il passe la porte et la referme derrière lui.

Il regarde d'un air détaché son appartement. Au cœur de Brooklyn, il lui avait coûté cher. Il pouvait se le permettre. Il ne le regrette pas. Cet appartement porte avec lui un contingent de bons souvenirs qui aujourd'hui justifie largement son prix aux yeux de Duke. Il ouvre une commode et contemple le revolver qui s'y trouve. Le métal sombre semble luire dans l'obscurité du tiroir. Il s'en saisit, inspire puis bloque sa respiration. Il est courant pour un homme aisé vivant seul de posséder une arme de point et, bien que la vente d'arme ne soit pas libre dans l'état de New York, il n'est pas difficile d'obtenir un permis si on est prêt à y mettre le prix. Pour lui, cette arme est le symbole de

(sa peur)

son indépendance, son libre-arbitre. Il n'est pas de ceux qui ne jurent que par les armes à feu, mais il croit en leurs pouvoirs. Il n'est pas difficile de commander lorsque l'on est armé. Il relâche sa respiration. Le silence qui règne dans l'appartement devient de nouveau dérangeant. Ce n'est pas à proprement parler dangereux, mais c'est comme une piqure d'insecte que l'on ne pourrait s'empêcher de gratter. Ca démange. Il reste ainsi, perdu dans ses pensées, durant une poignée de minute; puis soudain, il bouge. L'apparence qu'il s'est ingénié à maintenir durant de longues année est désormais détruite; il n'a plus rien à faire ici. Il se dirige vers ses sanitaires, bleus, froids, aseptisés. Ils ne comportent pas de miroir; ils n'en comportaient pas à l'achat de l'appartement, et Duke n'as jamais jugé nécessaire de remédier à cette carence. La glace de la pièce adjacente lui suffisait amplement. Il ne compte pas s'éterniser ici. Il extrait de sa poche son téléphone portable, qu'il jette dans la cuvette. Il tire la chasse. Sans un regard en arrière, il franchit de nouveau la porte. Un autre talisman de son ancienne vie qui disparaît à tout jamais. On pourrait voir quelque chose de symbolique dans le geste de Duke, mais il n'en est rien: il n'a juste plus envie d'entendre ceux qui pourraient le contacter par ce biais. Le silence ce fait trop pesant pour lui. Il lui faut quitter cet appartement. Alors qu'il s'apprête à ouvrir la porte, une pulsion le saisit. Il fait volte-face et pénètre dans une nouvelle pièce. D'une geste fluide, il dégaine son arme et loge deux balles dans ce qui était son récepteur télévisé. Un sourire passe fugitivement sur son visage: juste revanche pour les heures qu'il lui a volées. Rangeant de nouveau le métal contre sa peau, il sort de son appartement sans un regard en arrière. Il ne ferme pas la porte; cela n'a plus aucune espèce d'importance pour lui.

Les coups de feu, comme le claquement de porte, n'ont pas rompu le silence. Tout comme il est passé à côté du crissement des fragments de miroir, ces sons ne l'ont pas atteint.

Le costume qu'il porte est celui que portera son cadavre.

Duke marche maintenant dans les rues. Brooklyn est un quartier pour le moins chaleureux, et nombreux sont ceux souhaitant profiter de la brise estivale pour parcourir les artères de la ville. Pour eux, il n'est qu'on costume sombre comme les autres. Il ne les remarque même pas: il a un but. Il ignore encore lequel, mais il sait que ses pas sont guidés. Les sons de la ville sont inaudibles pour lui. Progressivement, le ciel se couvre, et en quelques minutes c'est une chape de nuage d'un gris terne qui écrase les passants. Duke ressent la disparition de la lumière comme une couverture de plomb qui s'abattrait sur ses épaules. Il

(se meurt)

se voûte, ralenti. Les passants, jetant des regards craintifs vers les cieux, se raréfient. Lui continue de circuler. Au loin, il aperçoit les silhouettes des buildings de Manhattan. Un appel inexplicable se fait entendre. Il sent que s'il se rapproche de ces immenses tours, il sera peut-être inspiré par leur grandeur. Le vent commence à se rafraîchir. Il hèle un taxi, comme par réflexe. Le chauffeur, haïtien, vois tout de suite à quoi il a affaire. Il pratique son métier depuis de longues années, et sait sentir les humeurs de ses passagers. Sans qu'un mot soit échangé entre les deux hommes, il prend la direction de Brooklyn Bridge. Alors que les rues défilent, muettes, Duke ressent comme un début d'apaisement. Ca le rassure un peu. Se saisissant de son portefeuille, il perçoit encore une fois le contact son arme contre sa peau. Celle-ci c'est réchauffée au contact de sa chaleur corporelle. Elle est devenue comme une petite créature,

(meurtrière)

douce et tiède, lovée contre lui. Duke a alors, l'espace d'un instant, la conscience aiguë du silence qui règne dans le taxi. Mais cet instant s'achève bien vite, et il l'oublie de nouveau. Il extrait l'argent de son portefeuille, qu'il pose sur le siège à côté de lui. Le taxi franchit les immenses arches de Brooklyn Bridge. L'attention de Duke est captivée par le délicat entrelacs de câbles d'aciers qui soutiennent la structure. Quand l'humanité aura disparue et que New York ne sera plus qu'un champ de ruine, il est persuadé que seul restera ces vestiges arachnéens. Il jette un coup d'œil à son portefeuille, puis ouvre la fenêtre. Un vif courant d'air s'engouffre dans l'habitacle. Le chauffeur jette un rapide coup d'œil dans son rétroviseur, sans s'inquiéter pour autant: si le client souhaite se les geler, c'est son affaire. Duke, d'un mouvement sec, tente d'envoyer son portefeuille par le fond. C'est un échec, et le symbole de son ancienne vie finit sa course sur le parapet, ce qui fait de nouveau naître en lui l'anxiété. Il est contrarié. Il referme nerveusement sa fenêtre et pianote sur le siège voisin. Le taxi continue de rouler en direction de Manhattan. Soudain, cette traversée l'exaspère; d'un hochement de tête, il fait signe au chauffeur de s'arrêter. Toujours dans un silence poli, celui-ci s'exécute. Duke lui tend la totalité de l'argent contenu dans le portefeuille. La somme est ridiculement grande pour une course pareille, mais il s'échappe et se perd dans la foule avant que le chauffeur ait pu lui rendre sa monnaie.

Duke est désormais sur la troisième avenue. La masse humaine qui l'entoure est dense, mais il la fend sans problème, par instinct. Il sent de nouveau qu'il est guidé par quelque chose de supérieur, vers un but. Les sons qui l'entourent ne l'atteignent désormais quasiment plus; il reste sourd au bruissement de la métropole tandis qu'il circule dans ces artère. Le ciel s'assombrit encore, il va pleuvoir d'un instant à l'autre. Il ne s'en préoccupe pas le moins du monde. Il avance, persuadé d'aller quelque part. Il heurte quelqu'un; il continue sa route, sans même s'excuser, sans même entendre les protestations. Plus il progresse, plus le silence se fait présent dans son esprit. Son regard dérive dans le vague, mais son pas est sûr. Il s'affranchit tout simplement des obstacles

(il est le vent qui parcours les cimes des buildings)

sur sa route. Il continue, imperturbable. Son regard, déjà brouillé, se voile de colère un peu plus à chaque pas.

(il est la fièvre, il est le sang)

La rage qui naît de sa frustration et de son anxiété croît également en son sein.

(il est l'ennui, il est la rancœur)

Soudain, brusquement, il doit tourner. C'est plus qu'une impression, plus qu'une impulsion: c'est un ordre. Incontestable.

(il est   )

Il tourne.

A peine s'est-il rendu compte qu'il s'engageait dans la dix-neuvième rue est que l'orage éclate. C'est un de ces orages d'été, d'une violence incroyable. En une poignée de seconde, les passants se dispersent, sans conséquences sur la progression de Duke. Il continue de marcher, sous la pluie diluvienne. Les éléments se déchaînent contre lui, mais il y fait face, laborieusement;son pas se fait plus hasardeux, mais il reste continu. Pas question pour lui de s'arrêter, de renoncer. Cet orage, c'est l'orage de sa folie, de son orgueil démesuré. Les gouttes de pluies giflent son visage, les tourbillons entravent ses mouvements. Mais il s'acharne, plus que jamais. Il continue de marcher, en silence; dans le silence.

Puis l'orage s'estompe, presque discrètement. Les nuages sont encore là, mais des trouées laissent passer des éclaircies. Il sent qu'il doit s'arrêter, qu'il est arrivé à destination. Tournant la tête, son regard fou rencontre un large bâtiment de brique rouge. Il est arrivé, mais il y a comme une lacune dans l'air environnant. Un élément important, vital même, qui rend la composition de la scène partielle et le convainc d'attendre. Son costume est trempé, dégoulinant. Lui aussi. A le voir rester ainsi, figé, le regard empli d'une rage brûlante, on comprend sans peine que la folie l'a entièrement gagné. Le silence qui l'étouffe a rongé sa raison, et aujourd'hui il n'aspire qu'à le briser. Le temps s'écoule, goutte à goutte; Duke prend conscience du soleil mourant qui  rougeoie le ciel. Chaque goutte d'eau devient une larme de sang, l'océan vire à l'écarlate. Son costume sèche peu à peu, mais il a encore l'air

(d'un meurtrier)

d'un passant surpris par l'orage. Contre sa chair, le métal est redevenu froid. La pluie qui l'a trempée lui a également ôté toute vie. Mais il marche encore, Duke en est persuadé. Il faut qu'il marche, car Duke est loin d'en avoir fini avec lui. Il est persuadé que c'est un élément crucial pour briser le silence qui l'entoure et le bride. Il ne doute pas, il n'est que résolution. Quelques badauds timides passent autours de lui, s'interrogeant sur cette silhouette fumante et par le reflet du coucher de soleil dans ses yeux. Un reflet effrayant, un reflet qui, par sa couleur cramoisie, fait ressortir l'intégralité de la folie contenue dans la tête de cet homme. Son cœur manque un battement quand il voit la femme passer devant lui. Il le sait, c'est la femme. La raison de sa présence ici, de son voyage. Elle est celle qui brisera le silence qui l'enserre et l'insupporte, ce silence qui chaque seconde deviens plus dur à supporter. Elle rentre sans une hésitation dans le bâtiment de brique rouge, sans un regard pour Duke, sans un regard pour la magnificence du ciel. Elle aurait peut-être du; il est rare de nos jour de voir un tel ciel si tragique, comme si les éléments compatissaient avec Duke. Et quand cet homme sombre se met à bouger, il est splendide. Peut-être car ce sont les dernières actions qu'il effectue avant de sombrer définitivement dans la folie. Peut-être est-ce le tragique qui l'exalte. Ou peut-être est-ce l'empreinte de mort qu'il porte… Peut importe: il bouge. Les lambeaux de son esprit ne se préoccupent même plus la sympathie des cieux. Il s'avance prestement vers la porte de l'immeuble et la franchit avant qu'elle ne se referme. Il suit la femme, il sait que cela va le mener vers quelque chose. Du fond de ce qu'il lui reste d'âme, il espère que ce sera sans gravité, mais il pressent qu'un évènement terrible va se dérouler dans les instants à venir. Dans tout les cas, il sait que ce sera un soulagement pour lui; c'est le destin de la femme qu'il suit qui préoccupe le reste d'humanité qui habite ce corps. Mais ces préoccupations sont rapidement reléguées au loin, tandis qu'une force biens plus grande prend le contrôle. Une vague de désirs inassouvis, une déferlante qui l'emporte. La femme emprunte l'escalier. Il est sur ses talons, à un palier de différence. La douleur commence à consumer les mouvements de Duke. Chaque marche est en soi un calvaire. Il espère en finir le plus vite possible; à chaque seconde sa condition d'homme silencieux empire. Plus n'est rien capable de passer outre, désormais, pas un seul son ne pourra parvenir à ses oreilles. Il dépasse le premier palier, se cramponne à la rampe, puis continue sa route. Cette ascension est insoutenable. Il ne sait pas à quel étage la femme habite; il espère juste qu'ils seront bientôt arrivés, mais rien n'est moins sûr. En montant ainsi, il se rapproche de cieux, se rapproche du drame, se rapproche de la fin. Il atteint le deuxième palier, et entend la femme s'arrêter à l'étage suivant. Alors il lâche la rampe. Cet escalier, cette ascension, c'est son chemin de croix. Il doit le parcourir droit, malgré la douleur qu'il ressent, malgré l'immense poids qui l'écrase, malgré les vrilles qui déchirent sa chair. Il se redresse, et c'est avec la prestance d'un roi qu'il entame la dernière volée de marche. Son costume est pratiquement sec, le revolver se réchauffe doucement. Le monde chavire pour lui dans cette dernière volée de marche. Plus il monte, plus son esprit s'éclaircit. Non. Plus il monte, plus il a l'impression que son esprit s'éclaircit. Il hésite un instant avant de poser le pied sur la dernière marche; il sait qu'il ne pourra plus revenir en arrière une fois cet ultime seuil passé. Mais sa perception de la réalité lui semble être plus claire que jamais, et il est entraîné en avant. La femme à refermé la porte, mais ce n'est qu'un détail sans importance. Le revolver lui rappelle sa présence contre sa hanche. Il le dégaine et fait feu sur la serrure, qui explose. Des éclats de bois recouvrent le sol. Précautionneusement, il ouvre la porte puis la referme derrière lui. Les coups de feu n'ont pas fait plus de bruit qu'il plume se posant sur le sol.

La femme est devant lui, debout dans son salon. Elle a eu le temps de poser son sac et d'ôter son pardessus, mais guère plus. Elle semble l'attendre. Par les fenêtres derrière elle apparaît encore le ciel, ce ciel de tragédie qui fournit un décor sublime à la scène qui se déroule. Elle le regarde, sans crainte. Avec peut-être, il faut l'avouer, un peu de lassitude au fond des yeux – ce qui ne la rend pas moins désirables. Il la regarde aussi, et pleure. Il lève son arme tandis que les larmes tracent des sillons sur ces joues. On approche de la conclusion. Le regard s'éternise. Aucun des deux acteurs ne fait le moindre mouvement. Dans la réalité, cet instant ne dure pas plus qu'une fugace poignée de seconde. Mais pour eux, bien plus de temps s'écoule. Des heures, des jours, des mois, des années. Confusément, ils ont tout deux le sentiment de s'être perdus. Mais il est trop tard pour faire marche arrière, car il est la vie, et qu'il y fait

(sombre)

sombre…

Sombre.

SOMBRE!

 

 

 

Un homme en noir regarde une femme. Sur son visage coule des larmes, et il pointe sur elle une arme aux reflets meurtriers. Il bouge, et dans ce mouvement toute royauté disparaît de son image. Leurs ombres commencent à danser un ballet mortel sur les murs. L'homme bat la femme; ses coups sont durs, et leur âpreté fait couler le sang. La femme se défend bec et ongle, mais ne peut faire face à l'homme qui la terrasse. Ses chairs sont meurtries, ses os se brisent. Le sang se répand partout, partout, sur son visage, son corps, ses poings, le sol de l'appartement. Il la bat jusqu'à ce qu'elle ne soit incapable de bouger, puis il brandit son arme. Il ne cesse de pleurer. On entend le son de trois coups de feu déchirer l'atmosphère qui règne dans la chambre.

 

 

 

Les yeux de Duke sont braqués sur le cadavre de la femme devant lui, mais il ne la voit pas. Les coups de feu ont bel et bien brisé le silence, mais pas seulement. Ils lui ont également déchiré les tympans, le cœur, l'âme, et ravagé le reste de son esprit. Il désormais vide et creux comme s'il n'existait que dans un rêve. Et, doucement, en contemplant le corps étendu sur le sol, il cesse de pleurer.

Ses jambes se dérobent sous lui. Il chute, d'abords à genoux, puis complètement sur le sol. Dans un ultime mouvement, il appuie le revolver, encore fumant, contre sa tempe, et appuie sur la gâchette.

Il est inutile pour lui de recompter le nombre de balles qu'il a tiré depuis qu'il s'est saisit de cette arme; l'éventualité même que le barillet soit vide ne lui a pas traversé l'esprit.

Et vous?

26 juillet 2010

Spotless Mind: Part 2, Murphy.

A peine Murphy eut-il posé ses fesses sur l'un de ses sièges en métal, caractéristique des aéroports, qu'il fut terrassé un court instant par ses maux de têtes. Il lui semblait, depuis quelques semaines, que sa tête allait se déchirer en deux plusieurs fois par jours. Il songeait de plus en plus à consulter pour cela; mais il n'avait pour l'instant eu ni le temps, ni l'envie de le faire. De plus, les maux de têtes étaient certes violents, mais généralement ils en duraient pas plus d'une poignée de seconde. Il espérait que cela passerait rapidement avec le temps. Mais il était loin d'en être sur. Bref, dans tout les cas, il devait prendre cet avion. L'Alabama n'était certes pas une destination de rêve, mais il avait besoin de l'apport d'argent que cette affaire pouvait lui rapporter. Ces derniers temps, cela devenais difficile entre lui et sa femme… Depuis que son affaire tournais de moins en moins bien, ils avaient du commencer à se serrer la ceinture. Ce que personne n'apprécie… Mais il espérait pouvoir faire rentrer les choses dans l'ordre – enfin, dans l'ordre qu'il désirait.

 (il arrive et repart!)

Un message préenregistré se fit entendre; avec un soupir, Murphy se releva. Une demi-heure s'étais écoulée, et il avait l'impression de ne pas en avoir passé plus de cinquante secondes. A la vue de la file d'attente aux guichets d'embarquement, il se décida à s'offrir un coca en attendant. Après tout, si le voyage était un succès, il pourrait se permettre bien plus que ça. Il se saisit de la bouteille glacée et se dirigea vers la file.

 (il arrive et repart!)

Il contemple la bouteille, fracassée. Sa mains la tien à hauteur de ses yeux. Il ne s'en est même pas rendu compte, ce qui l'inquiète. Etait-il plongé dans ces pensées à un tel point? Il se demande comment il est possible qu'elle est été fracassée. Le choc thermique, peut-être. Probablement, même. Il fait la queue et passe sans encombre le guichet. Suis les autres passagers, embarque dans l'avion, et s'assied sur son siège. Il jette un coup d'œil par la fenêtre.

 (il arrive et repart!)

Le temps de revenir à l'intérieur de la carlingue, son voisin à incliné son siège pour dormir. Hum. Quelle sympathie, quel contact cordial…

 (il arrive et repart!)

En revanche, on dirait bien que le sommeil ne vient pas; au bout d'à peine quelques minutes, son voisin se redresse et se tourne vers lui.

 (il arrive et repart!)

Il semble sur le point d'entamer une conversation, mais finis juste par lâcher qu'il s'éclipse au toilette. Un homme étrange.

 

Quelques secondes plus tard, Murphy à lui aussi le plaisir de voler en chute libre à travers le ciel. Mais lui ne verra jamais la fin de sa chute…

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11 juillet 2010

Eternal Sunshine, part 1: Franck.

A peine le vol avait-il commencé que déjà, Franck s'interrogea sur sa présence dans cet avion. Que foutait-il ici? Il fût assez rapidement effrayé de savoir qu'il ne connaissait pas le moins du monde la réponse. Considérant ceci, il décréta qu'il lui faudrait un petit moment pour recouvrer sa mémoire. Son voisin avait incliné son siège, et se préparait manifestement à dormir, ce qui indiquait que le vol allait durer au moins une bonne heure, si ce n'est plus. Peut-être se rappellerait-il durant cet intervalle ce qu'il l'avait amené ici. Il avait beau réfléchir, aucun souvenir ne venait. Il ne se rappelait même pas comment il avait embarqué, ni même la destination. La dernière chose dont il se rappelait avant le flou était… Si loin. Un mouvement de panique se fit sentir en lui lorsqu'il se rendit compte qu'il avait oublié cela à l'instant. Car il en était encore certain, il y a une dizaine de seconde, il s'en souvenait. Franck, durant toute sa longue vie, n'avais jamais eu de problème de mémoire jusqu'à ce jour. Et soudainement, c'est comme si son monde s'écroulait. Plus rien ne tenais debout. Il essaya de se raccrocher à une bride solide. Sa femme, par exemple. Il savait qu'il en avait une. Mais quand à réussir à l'invoquer… Voir même n'importe quelle bride de son passé. Même son nom de famille avait disparu maintenant. Une coulée de sueur froide mouillant le dos de sa chemise, il tenta de penser rationnellement. Il allait trouver un lien. Quitte à réveiller son voisin pour lui demander la destination de l'avion. La destination de l'avion! Voilà qui pouvaient l'aider. S'il avait réussit à monter sur ce foutu avion, alors il avait sa place quelque part dans les alentours. Dans une de ses poches, probablement. Il en retourna le contenu sur la tablette devant lui. Un vieux mouchoir. Un ticket de métro délavé. Et un portefeuille. Franck le posa sur l'accoudoir et laissa échapper un soupir de soulagement. Voilà qui devrait l'éclairer sur son identité et sa destination, au moins. Il ferma les yeux, se calma doucement, et se décida à attaquer l'exploration de sa propre vie.

(il arrive et repart!)

Il n'y avait rien sur l'accoudoir.

 (il arrive et repart!)

Palpant ses poches, Franck s'assura de ne pas l'avoir rangé. Mais ce faux-semblant n'allait pas l'aider. Si il avait oublié de nombreuse choses, il se rappelait totalement avoir posé ce portefeuille ici. Il se décida à réveiller son voisin. Après tout, peut-être étais-ce lui qui l'avait fait tomber.

 (il arrive et repart!)

Le siège adjacent au sien était vide.

 (il arrive et repart!)

Le siège adjacent, vide, fût la dernière vision de Franck avant qu'il ne périsse écrasé, plusieurs kilomètres plus bas. Sa principale consolation fut d'avoir les yeux fermés au moment où son corps se disloqua sur la roche rendue brûlante par le soleil d'été.

 

It's allright.

29 mars 2010

John Is Back.

John referma la pochette cartonnée contenant le dossier d'un claquement sec. Foutu dossier. Une affaire importante, un devis à rédiger pour une le patron d'une grosse boite de fabrication de stylo. Une affaire juteuse. Mais merde, qui peut bien s'intéresser à faire des devis pour le patron d'une grosse boite de fabrication de stylo? John y réfléchis. Il est bien payé pour faire ce travail. Bien plus qu'il ne devrait l'être. Vu son salaire, il fraude. Quatre-vingt dix pour cent de l'argent qu'il reçoit n'apparaît pas sur sa déclaration d'imposition. De toute manière, il n'en a rein à faire de la loi. La conscience civique ne lui fait ni chaud ni froid. Les policiers, les usuriers, il les ignore… Il possède un compte au Bahamas. Un nom d'emprunt, une autre vie, qu'il aime. Là-bas, il ne s'appelle pas John mais Marcus. Un nom comme un autre, juste un milliardaire américain de plus sur une île paradisiaque. Il possède une villa là-bas, elle aussi au nom de Marcus. Un jet privé. Une piscine olympique. Malgré cela, le compte en banque reste fourni. Toute la partie de son salaire qui n'apparaît aux yeux du gouvernement est jouée en Bourse, et lui rapporte. John déteste ça, mais son banquier des Bahamas est un génie pour faire fructifier les capitaux. On dit de lui que c'est un magicien, qu'il prévoit l'avenir. La seule fois où John l'as vu, il était entièrement en noir. Sa simple apparence lui a fait froid dans le dos. Une triste conséquence de la guerre, c'est ce qu'il avait dis en désignant son moignon. Depuis, aucune nouvelle.  Juste le montant du compte en banque qui augmente plus vite qu'il ne diminue. L'homme lui avait donné la désagréable impression de savoir pertinemment que Marcus n'étais pas son nom. Ni John, d'ailleurs. Mais quand il avait commencé à travailler, alors même que les contrats se faisaient rare et le salaire misérable, il ne pouvait pas se permettre de ce lancer dans ce milieu avec un nom comme Kevin. Les Kevin sont mauvais pour ce genre de chose, c'est connu. Travailleur indépendant, cela ne lui a pas posé problème. C'est juste que ce travail ne le passionne pas.

 

C'est même un euphémisme de le dire; son travail est la chose qu'il abhorre le plus au monde. Il le trouve avilissant. Mais il s'est habitué au confort de vie, à la villa, au jet, à la piscine. Prisonnier, il sait que s'il laisse tout tomber, même son banquier magicien ne pourra assumer ses dépenses. Et il aime trop le personnage de Marcus pour l'abandonner ainsi. Il faxe le devis pour le patron de la grosse boite de fabrique de stylo. Il ne reste plus qu'a attendre une réponse, pour savoir si tout est clean. Après ça, il est libre de sa journée. Son portable sonne. Un portable dernier cri, écran tactile, la puissance d'un ordinateur portable. Un vrai bijou de technologie possédant le haut débit partout dans le monde, ayant du réseau partout. Il est sur un groupe d'opérateur inaccessible au commun des mortels, très couteux lui aussi. Il décroche, d'un mouvement vif. Tout est bon; le devis pour le patron de la grosse boite de fabrication de stylo convient parfaitement. Alors que la conversation s'enlise en politesse, il se lève et ouvre la fenêtre de son bureau. Un petit vent agréablement frais vient caresser sa peau, sous sa chemise au col ouverte. Depuis qu'il travaille seul, il ne porte plus de cravate. Autant de chose qu'il a laissé tomber. Tout arrive si vite. Comme pour son salaire…

 

Au début, il arrivait à peine à vivre. Puis, très vite, sa paye a augmenté. Officieusement, bien sur. Quelques grosses huiles l'ont plébiscité. On a dit qu'il était le meilleur. Qu'aucun autre ne lui arrivais à la cheville. Et si la part officielle de son salaire n'as pas changée, la part officieuse à décollée, devenant franchement indécente. Mais il en a marre de tout ça. Marre d'être sans cesse sollicité. Il a envie d'envoyer chier les grosses huiles. Mais ça ne fonctionne pas comme ça, c'est impossible. Il envisage de prendre sa retraite bientôt. Dès qu'il aura accumulé assez pour que la fructification de son capital soit suffisante pour compenser ses dépenses. De toute manière, il pourra abandonner le Jet. Il n'aura plus besoin de faire deux fois par mois les allers-retours Bahamas-JFK, il pourra vivre en tant que Marcus le restant de ses jours. Il raccroche, jette un coup d'œil nostalgique aux immeubles de Manhattan. Ce sera bien la seule chose qu'il regrettera de sa vie actuelle. Les grosses huiles, les devis, ce travail déshumanisant qu'il hait. Franchement, qui pourrait faire ça à longueur de journée sans devenir fou? Il referme la fenêtre d'un geste sec et s'apprête à partir. Tant pis. Il enfile sa veste, rassemble ses affaires de travail dans sa serviette, la saisi et franchit la porte. Sortant son trousseau de clé, il la verrouille. Il se demande, comme à chaque fois, quand est-ce qu'il pourra arrêter ce travail abominable. Il choisit l'escalier. Il choisit toujours l'escalier il trouve que ça le met un peu en condition. Il marche sur le trottoir de la treizième avenue.

 

Il ne va pas loin, il peut faire le trajet à pied. De plus, il adore marcher dans New-York. Il trouve toujours fascinant de voir comment la ville a refleurie après la catastrophe. Les signes du feu sont encore partout, mais ils semblent si anciens maintenant. En une dizaine d'année, les immeuble se sont rebâtis, les gens sont revenus, la vie à repris. La catastrophe à donnée à la ville un puissant air de ruine, à la fois comble de l'oublié et du moderne. Une ambiance que John adore. Mais il ne restera pas plus longtemps ici. Pas avec ce foutu travail qui lui colle au basque. En marchant, il prend sa décision. Il plaque son job. Bien sur, pas tout de suite. Il finit d'abor ses affaires en cours, il est réglo. Il a toujours été réglo – peut-être ce qui lui assure une si bonne réputation? Bref. Il est presque arrivé. Il soulève sa veste et sort de sa poche-revolver gauche une paire de lunette de soleil. Les beau jours de font sentir. Il trouve cette appellation stupide. A-t-on une poche-stylo? Une poche-portable? Non. C'est stupide et illogique. Il n'aime pas ça. John est rigoureusement logique et méthodique – un autre élément qui fait qu'on a dit qu'il était le meilleur? Il ne le sait pas.

 

Il s'étonne toujours de voir combien de simples lunettes Ray-ban modifient le visage. Pas seulement les yeux; c'est la forme générale tout entière qui ondule quand on met ces choses sur le bout de votre nez. Soudainement, vous paraissez être un dur. Il n'aime pas particulièrement se métamorphoser ainsi, mais sa notoriété commence à être grande et il ne souhaite pas être reconnu. Depuis le début, il a toujours fait comme ça. Il préfère l'anonymat, le solo. Bien plus simple. Il sent qu'il se rapproche de la fin, qu'il va enfin pouvoir arrêter et partir loin de tout ça. Bref. Il complète sa métamorphose alors qu'il arrive au coin de la vingt-huitième rue, qu'il doit emprunter. Il rejette ses cheveux mi-longs sous un chapeau aux bords larges. La nuque et la base du crâne sont rasées. Tant qu'il porte une casquette, on jurerait que c'est la totalité du crâne qui est rasée. Avec les Ray-ban, cela lui donne l'air d'un fédéral. Un flic, brutal, dur. Quelle ironie. D'ici quelques minutes, il sera au coin de la dix-neuvième avenue et de la vingt-huitième rue. Il consulte sa montre d'un œil distrait. Dix-neuf heures douze. La coïncidence le fait sourire. Avec un peu de chance, d'ici qu'il y soit, il sera dix-neuf heure dix-neuf. Il ne se trompe pas. Lorsqu'il pénètre dans le bâtiment, il est exactement dix-huit. Une minute. Il sait où il se dirige. Le temps qu'il soit à l'ascenseur, cinquante secondes.  Une affiche prône "cent cinquante étages en vingt secondes!", c'est le moment de vérifier. Il rentre dedans en sept secondes, et attend durant quatre que la porte se referme. Il est seul dans l'ascenseur tandis qu'il monte. Il consulte une nouvelle fois sa montre tandis que la porte s'ouvre, se riant de l'ironie du sort: il lui reste dix-neuf secondes. Ce qu'il va faire est loin d'être prudent. Rentrer dans le bureau d'un PDG sans s'annoncer, en vrac, voilà quelque chose qu'il n'as jamais fait. La secrétaire, faciès et corps avenant, tente de le bloquer, mais trop tard. Il ouvre la porte en trombe, sous le regard ébahi du patron et de deux hommes d'affaires en cravate qui ne le reconnaissent pas. Normal, vu le changement physique qu'il a opéré il y a peu. Il soulève sa veste, et porte sa main à sa poche-revolver droite. La secrétaire bredouille un mot d'excuse. Un simple coup d'œil lui a suffit. Le PDG est bien le même que la photo qui lui a été donné.

 

Deux secondes avant dix-neuf heures dix-neuf, John la paume de John rencontre la crosse familière de son arme.

 

A dix-neuf heures dix-neuf précises, John ouvre le feu et abat le patron de la grosse boite de fabrication de stylo.

 

 En moins d'une seconde, il abat également les deux témoins de l'assassinat. Avec la prestance d'un félin, il se retourne et loge une balle entre les deux yeux de la secrétaire. Il recule d'un pas, évitant la gerbe de sang. Sans avoir le moindre contact avec la pièce, il bloque de la pointe du pied la porte de l'ascenseur, qui se rouvre tandis qu'il rentre dedans. Il nettoie consciencieusement à l'aide d'un mouchoir en papier toutes traces de ses empreintes sur les boutons, puis appuie sur "rez-de-chaussée". Tandis que la porte se referme, il laisse son arme refroidir. Vingt secondes plus tard, l'arme est de nouveau logée dans la poche prévue à cet effet alors qu'il franchit les portes de l'ascenseur. Sans un regard pour les alentours, il passe les portes vitrées. Deux cents mètre plus loin, il enlève ses lunettes et sa casquette, changeant de nouveau radicalement son faciès. Les sirènes se font entendre dans le lointain.

 

On l'a dit, John n'est pas seulement le plus cher de sa profession; c'est le meilleur.

21 mars 2010

Bingo.

En me réveillant, j'ai ouvert la fenêtre pour aérer, et pour une fois il ne faisais pas froid.
J'étais tellement content que j'ai passé dix minutes à sauter dans ma chambre en hurlant de joie sur Add It Up des Violent Femmes. C'est du lourd si vous avez la patiente d'attendre 30 secondes d'intro. Mais, du lourd, du pur lourd.
Des fois, je me dis que je suis quand même grave...

7 mars 2010

La musique française, c'est pas fanchement une victoire.

Hier, je n'ai pas regardé les Victoires de la musique, mais mes parents l'ont fait, ce qui m'as valu de subir une série de nom avec "et lui, tu le connais?"
J'ai peine a croire qu'on est tombé aussi bas, quand:

  • Benjamin Biolay bat Johny Hallyday et Bénabar (franchement, ils n'ont pas du tout la même carrure d'épaule!).
  • Izia bat Indochine dans "L'album rock"; elle est bien gentille, cette petite, et ça passe encore, ce qu'elle fait, mais comment elle a pu passer devant des dieux du rock tel qu'Indochine? Mystère...
  • Et ce qui me sidère plus que tout, comment Cœur De Pirate a pu battre Helmut Fritz? Non pas que j'adhère particulière à "ça m'énerve", mais il faut avouer qu'elle est quand même universellement connue - ou presque. Franchement, dans votre entourage, qui ne connais pas cette chanson? Il faut non seulement être aveugle et sourd pour ne pas en avoir entendu parler, mais en plus n'avoir jamais ouvert une autre radio qu'europe 1 et ne jamais aller sur le web où elle est proposée en téléchargement toute les deux pages ou presque. Vraiment sidérant.

La seule chose qui rachète un peu ces victoires, c'est qu'Olivia Ruiz à obtenir deux victoires, amplement méritées (mais les as-t-elle eu par son mérite ou parce qu'elle couche avec le chanteur de Dionysos?).
Bref, pour la musique française, on attendra que Louise Attaque, Deportivo, Luke, Eiffel, Les Ogres, La rue ket ou encore Jamait  ressortent un album et on repassera.

6 mars 2010

El Nino

La pupille reste, l'espace d'une fraction de seconde, écarquillée devant le spectacle contre nature qui s'offre à elle.

Le feu prend en un instant, tandis que telle une drogue la sensation de soulagement se répand dans le corps d'El Nino. Sous ses pieds, le contact de l'herbe grasse l'apaise. Quelques mètres plus loin, le gasoil qui imprègne l'herbe s'enflamme à son tour, au simple contact de l'intense chaleur dégagée par l'incendie.

El Nino ne se doute pas un seul instant que c'est sa propre chute qu'il a préparé, au sein de ce brasier infernal qui commence à peine à se dresser. Sa pupille, sa taille normale retrouvée, reste plus inexpressive que jamais. Il est jeune, pied nu. Il n'aime pas le feu, mais il aime la destruction.

On lui a dit qu'il faut être taré pour vouloir détruire New York en incendiant un terrain vague en son centre. Mais lui n'as pas répondu. Il sait.

Peu à peu, le cercle de ses adeptes c'est élargi. Est-ce grâce – ou à cause – de l'aura de commandement qu'il dégage naturellement, ou encore de l'incroyable charisme qui l'anime dès qu'il prend la parole? Peu importe. Le fait qu'ils sont désormais des dizaines, Sans Noms. Personne ne les a jamais pris aux sérieux.

Cela à commencé très simplement par des laissé pour compte, des rebuts de la société. Qui ont rencontré un El Nino drapé d'une toge noire. Un nouveau prophète. Cheveux blond aux racines noires comme les vêtements qu'il n'a de cesse d'aborder, son simple regard d'un bleu de glacier suffit à vous convaincre. Puis, les Sans Noms se sont élargis. Cadres moyens, ménagère de moins de quarante-cinq ans. Plombier, professeurs, directeurs-comptable. Il suffit de croiser ce foutu regard d'un bleu de glacier pour être perdu.

Personne n'aime El Nino. Personne ne le respecte, personne ne le trouve sympathique. Personne ne ressent d'amitié, personne n'en a peur.

Tous l'adorent.

D'une adulation sans faille, incroyable. Un échange de mot avec lui et c'en est finit de l'âme la plus résistante. Certain, qui ne l'ont jamais rencontré, le prenne pour le diable. Il n'en est rien. Même s'il n'est plus tout à fait humain, celui qui se fait appeler El Nino n'as rien de divin ou de diabolique. Il est juste puissant car il comprend la nature des choses. Les rouages de l'esprit humain. Les mécanismes de la physique. Tout est clair pour lui. La matière de l'arrête plus. S'il a allumé ce feu, et si ces dizaines de disciples, devenue centaines, puis milliers et millions on fait de même partout dans la grande pomme, c'est dans un unique but. Eux l'ignore, lui le sais. Il sait qu'il vieillit. Il sait qu'on le rattrape. Il se sait près à sacrifier New York pour assurer sa survie. Il a senti son poursuivant

(les yeux trop écarquillés pour être vivant)

Qui arrivait. Il a déjà été rattrapé, maintes et maintes fois. Il sent sa folie

(son génie)

S'emballer. La confrontation a déjà eu lieux. Il a vaincu, à chaque fois. Les piles de cadavres s'entassent derrière lui. Mais plus le temps file, plus les confrontations ont été difficiles. Plus il est passé près de la mort. Et s'il y a quelque chose qu'il ne désire pas, c'est mourir. La mort des autres l'importe peu. Il la sème, de la même manière que ces yeux bleu vous transpercent l'âme. Sans grand intérêt. Il tue par sa simple présence même la plupart du temps. Ce sont les femmes les plus affectées. Ces morts sont sa malédiction. Non pas parce qu'il les déplore; il s'en fout. Mais parce que quand le blanc approche, les mort se relèvent (c'est bien connu) et marchent dans son sillage. Et chaque morte accroît sa force. Et chaque mort accroît ses chances de déchéances. Déjà, le ciel s'assombrit des fumés qui montent vers le ciel. Il le sent qui approche, vite, si vite. Dans un instant il sera la et l'affrontement débutera. Ses émissaires arrivent déjà. Chair arrachées, brûlées, détruites par une cage d'ascenseur. Pour choses misérables au potentiel meurtrier qui défie l'imagination. Mais ces créatures ne sont rien sans leur maître, qui les a arrachés à la mort pour leur faire servir de nouveau, leur interdisant de reposer en paix. C'est

(terrible)

Lui qui est dangereux, et il le sait. Rassemblant autours de lui un manteau de feu, il châtie les morts. Mais il est déjà trop tard, le nouveau-venu se tien derrière lui. L'homme en noir fait volte-face, alerte. Le large pantalon blanc tombe jusqu'au sol. Le manteau blanc, serré à la taille, rese animé d'un vent surnaturel.

(ou est-ce la chaleur qui fais onduler l'air?)

En un instant, les vitres des immeubles volent en éclat sous le simple effet de sa présence. Le visage d'un blanc de cire, d'un blanc de page vierge, parcouru de deux sillons noirs. El Nino régit sans attendre, et en instant domine les cieux du haut d'un building. New York est tombé; New York brûle. Plus pour longtemps. Il sait qu'il n'a plus de temps, qu'il doit agir. Il rassemble autours de lui ses flammes, venus de toute part, et explose. C'est un second soleil qui survole New York, calcinant tout sur son passage. Comme on l'a dit, la matière est déjà maîtrisée. Les mortes ne peuvent tenir un seul instant dans cette fournaise. L'homme en blanc, lui, se fraye un chemin dans les nuées ardentes. Son corps commence à se désagréger; il s'en fout. Il n'aura qu'une attaque à porter. Et il la porte.

(létale)

Tout ce passe comme prévu. Mais celui qui se fait appeler El Nino n'est pas de cet avis. Il s'écarte, brutalement; seul son bras est tranché. Le mouvement a été trop vif, même pour un corps comme le sien. Il est disloqué et chute. Qu'à cela ne tienne.

Ce qui ne le tue pas le rend plus fort.

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